Les apiculteurs en souffrance
À Miramas (Bouches-du-Rhône), l’apicultrice Julie Victoria subit les effets du réchauffement climatique et la pression grandissante du frelon asiatique.
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« Nous sommes confrontés à une multitude d’impasses sans avoir de perspectives à l’horizon. » Julie Victoria, apicultrice à Miramas (Bouches-du-Rhône), dresse un constat alarmiste de son métier. En 2020, date de son installation, elle a produit 8 tonnes de miel avec 200 ruches : « Ma première année a été superbe », indique-t-elle. Bien qu’elle ait investi dans 100 ruches supplémentaires, les récoltes suivantes ont chuté à 6 tonnes.
« Le changement climatique nous touche de plein fouet, explique-t-elle. Les abeilles souffrent de la chaleur et sont moins résistantes. » Les cultures de lavande, pilier de la production de miel en Provence, endurent aussi les effets du dérèglement météorologique. Assoiffées, les plantes donnent moins de nectar pour les abeilles. Les cours du lavandin s’étant par ailleurs effondrés, des producteurs arrachent.
Les coûts explosent
À ces contraintes, s’ajoutent désormais les attaques du frelon asiatique. « Il y a quatre ans, on n’en voyait quasi pas, observe Julie Victoria. Aujourd’hui, c’est le principal ennemi. » Au-delà des pertes par mortalité, les ruchers s’affaiblissent. « Apeurées, les abeilles ne sortent plus et ne se nourrissent plus, explique l’apicultrice. Dans certains cas, elles abandonnent leurs habitats. »
Autre conséquence, les ruches sont dépeuplées à l’automne : « Nous n’avons aucun moyen pour combattre ce ravageur. Nous posons des pièges, mais c’est insuffisant et cela a un coût. » Pour contourner les attaques, elle déplace ses ruches vers des zones moins exposées. Cette année, elle a retardé leur déplacement depuis le plateau de Valensole, où elle transhume au printemps pour produire ses miellées d’été. « Je les ai récupérées au mois d’octobre au lieu de septembre, explique-t-elle. Mais c’est encore trop tôt, car le frelon asiatique a été présent jusqu’en décembre. »
En attendant, Julie Victoria doit apporter de la nourriture à ses ruches pour les maintenir à flot : « Tous nos coûts explosent. Le prix du sucre s’envole. Et nous consommons plus de carburant pour déplacer davantage nos ruches. » Quant aux ventes, elles ne suivent pas. Sa coopérative Miel de Provence ne parvient plus à écouler ses stocks. « Nous subissons la concurrence des miels d’importation qui arrivent à bas prix sur le territoire, trois ou quatre fois moins chers que les nôtres. » Si l’apicultrice a de la trésorerie pour tenir jusqu’à l’an prochain, elle ne masque pas son inquiétude pour son avenir.
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